Article N° 8080
TDHA
Effets cardiovasculaires des traitements du TDAH : une méta-analyse rassurante mais appelant à la vigilance
Abderrahim Derraji - 17 avril 2025 08:40Une revue systématique et méta-analyse en réseau récente a comparé les effets cardiovasculaires des médicaments utilisés dans dans la prise en charge du trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), chez enfants, adolescents et adultes.
L’étude a inclus 102 essais contrôlés randomisés, regroupant plus de 22 000 participants. Les médicaments analysés comprenaient des stimulants (amphétamines, lisdexamfétamine, méthylphénidate), des inhibiteurs de la recapture de la noradrénaline (atomoxétine, viloxazine) ainsi que des alternatives comme la guanfacine et la clonidine.
Les résultats montrent que la prise à court terme de ces médicaments est associée à de légères augmentations de la pression artérielle et de la fréquence cardiaque, avec peu de différences significatives entre les molécules.
Par exemple, les augmentations moyennes de la pression systolique chez l’enfant allaient de +1,07 mm Hg (atomoxétine) à +2,42 mm Hg (méthylphénidate). Chez l’adulte, l’élévation atteignait jusqu’à +3,72 mm Hg (bupropion).
La pression artérielle diastolique augmentait aussi légèrement, notamment avec lisdexamfétamine et méthylphénidate. Toutefois, la guanfacine, un agoniste alpha-2a, réduisait significativement la pression artérielle et la fréquence cardiaque comparée au placebo.
Les augmentations de fréquence cardiaque observées allaient de +2,79 à +5,8 battements/min avec les divers médicaments. La guanfacine, elle, entraînait une diminution de la fréquence cardiaque allant jusqu’à –6,83 battements/min chez les adultes.
Concernant l’ECG, les données sont plus limitées, mais certains médicaments comme l’atomoxétine, la viloxazine ou le méthylphénidate influençaient légèrement les intervalles PR ou QRS, sans effet clinique majeur identifié.
Les auteurs insistent sur la nécessité de surveiller la pression artérielle et le pouls avant et pendant le traitement, comme le recommandent les bonnes pratiques actuelles.
Globalement, les effets cardiovasculaires des traitements du TDAH sont réduits et ne devraient pas empêcher leur prescription, mais une vigilance est requise chez certains patients sensibles.
Les auteurs de l’étude soulignent l'importance d’un suivi individuel, car certaines personnes peuvent présenter des réponses cardiovasculaires atypiques, bien que les moyennes restent dans des plages sûres.
L’analyse note également un manque de diversité ethnique, de femmes et de personnes âgées dans les essais contrôlés randomisés, limitant la généralisation des résultats.
Enfin, des recherches à plus long terme sont nécessaires pour identifier les patients à risque cardiovasculaires et prédire les effets à l’aide d’approches comme l’intelligence artificielle.
Source : medscape.com/